I was given the opportunity to contribute to a tribune about the difficulty to make any debate happen in France about renewable energy. It was published in Le Monde (online only I think) last Thursday.
« Notre pays semble être dans une forme de déni des difficultés de la filière nucléaire » (lemonde.fr)
(the title itself was chosen by Le Monde and underlines our real issue, as per my subtitle…, as it wrongly focuses on criticism of nuclear, which is not the point of the article… but is clickbait)
Le débat dans le secteur de l’énergie s’est durci au cours de ces dernières années au fur et à mesure de l’arrivée d’échéances importantes en termes de choix sur l’avenir climatique et énergétique de la France. Mais cette confrontation des propositions, nécessaire et louable, peine à trouver sa place comme l’illustre l’échec du débat organisé par la Commission nationale du débat public sur la construction des réacteurs EPR2, achevé le 27 février. Elle se résume le plus souvent à de l’invective, aux dépens de la qualité des informations portées à la connaissance du plus grand nombre. Ce désespérant état de fait doit changer pour ne pas nous induire collectivement en erreur sur les choix qui déterminent le futur énergétique du pays.
Le débat sur l’énergie en France est biaisé par la place du nucléaire qui, pendant longtemps, a relégué les énergies renouvelables à la portion congrue. Au moment où se pose la question de renouveler notre système de génération électrique, il convient de s’interroger sur la pertinence de maintenir les mêmes choix technologiques qu’il y a cinquante ans dans un contexte éminemment différent. Mais notre pays semble être dans une forme de déni des difficultés de la filière nucléaire et ressasse les mêmes arguments contre les énergies renouvelables depuis une vingtaine d’années : supposée surconsommation de matières, manque d’esthétisme, présumée destruction de la biodiversité… et un coût prétendument astronomique.
Ces éléments contiennent des traces de vérité, mais sont pour l’essentiel des exagérations extrêmes. Le versement de près de 31 milliards d’euros à l’Etat par les producteurs d’énergies renouvelables en 2022-2023, selon l’estimation de la Commission de régulation de l’énergie, est un contre-argument éclatant. Les énergies renouvelables sont en fait le seul recours souverain et résilient au changement climatique mobilisable à un coût raisonnable dans les quinze années qui viennent pour décarboner l’économie française.
La BD de Jean-Marc Jancovici a empiré les choses
Malgré cela, l’éolien a été l’un des sujets clivants de la dernière campagne présidentielle, les oppositions sur ce sujet prenant une tournure « tribale ». Mais pourquoi tant de haine ? Au travers du débat sur les sources énergétiques, ce sont des visions du monde qui s’affrontent. Ces points de vue sont pourtant conciliables, notamment en France où les scénarios proposant un mix d’énergies renouvelables et de nucléaire, au moins pour un temps, semblent les plus réalistes. Mais la désinformation outrancière qui circule dans notre espace public entraîne une polarisation à l’extrême qui rend tout dialogue impossible.
Fin 2021 est publiée la bande dessinée de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, Le monde sans fin (Dargaud, 2021). Vendu à plus de 500 000 exemplaires, l’ouvrage, plutôt que de clarifier et éclairer le débat, ne fait qu’empirer les choses. Les auteurs suggèrent par exemple (pages 36 et 37) que le recours à l’éolien équivaudrait à un retour à 2000 ans en arrière. Pourtant, de nombreuses études – comme « Transition(s) 2050 » de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le scénario 2050 du Réseau de transport d’électricité (RTE) ou d’autres disponibles à l’international – confirment la possibilité de soutenir une société industrielle moderne avec un mix composé à majorité, voire intégralement, d’énergies renouvelables. Autre exemple d’assertion fantaisiste assénée (page 127) dans Le monde sans fin : dans le cas d’un scénario 100 % renouvelable, l’Allemagne aurait besoin d’un barrage de 150 mètres de hauteur le long de toute sa façade maritime pour contrebalancer la variabilité de la production électrique solaire et éolienne…
Or, le pays, dont l’objectif officiel est d’atteindre 100 % d’énergie renouvelable en 2035, a déjà accompli la moitié du chemin depuis 2005 et aucun barrage n’est évidemment prévu. Ce torrent de chiffres et d’arguments, dont beaucoup sont faux ou biaisés à l’extrême, est pourtant repris directement par les mouvements d’opposition aux énergies renouvelables.
Le recours aux renouvelables en hausse partout
La qualité des récents débats à l’Assemblée nationale ou au Sénat a été influencée par ces argumentations très pauvres, avec des appels purs et simples à arrêter tout développement des énergies renouvelables dans le pays. Cela aboutit à entraver la constitution d’une filière nationale qui permettrait à notre pays de se positionner dans le nouveau paradigme énergétique bas carbone qui émerge à l’international.
Le recours aux renouvelables est en forte hausse partout, y compris dans des systèmes isolés comme l’Irlande ou la péninsule ibérique, et cela sans apparition de problèmes de fiabilité du réseau. Les récentes tendances en ce domaine sont largement méconnues en France, car la seule solution qu’on nous impose demeure le tout-nucléaire. Pourtant, l’amélioration continue des performances de ces technologies influe sur le prix de l’électricité ainsi produite pour les consommateurs et génère un attrait grandissant pour les industriels, qui multiplient les contrats d’achat d’électricité renouvelable.
Le débat sur l’avenir énergétique du pays porte sur des décisions qui nous engageront jusqu’à la fin du siècle et mérite des échanges basés sur des informations fiables. Une mobilisation de toutes les parties prenantes (l’Etat bien sûr, mais aussi les médias, les réseaux associatifs, les partis politiques…) est nécessaire à cet égard, pour faire du futur débat parlementaire sur l’avenir électrique du pays prévu au printemps une réussite. Il en va bien sûr de la qualité du débat, mais surtout de celle des décisions.
Parmi les signataires : Xavier Daval, président de KiloWattsol ; David Dornbusch, directeur général de Vertsun ; Ghislain Dubois, consultant ; Jérôme Guillet, fondateur de Green Giraffe ; Stéphane His, consultant ; Grégory Lamotte, président de Comwatt ; Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement ; Myriam Maestroni, présidente du fonds E5T ; Karim Megherbi, fondateur directeur exécutif d’Orisun invest ; Cédric Philibert, analyste à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
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